50° ANNIVERSAIRE DE LA  SOCIETE D’ETUDES SCIENTIFIQUES DE L’AUDE - NOTICE

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MédaillesZone de Texte: Médaille du cinquantenaire de la Société d'Études Scientifiques de l'Aude.
Michel CAU


(Note publiée dans le Bulletin de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, tome CIX, 2009, p.199)

Le 17 mars 1889 eut lieu la première séance de la Société d'Études Scientifiques de l'Aude. En 1939, elle eut donc cinquante ans, ce furent ses noces d'or. Pour marquer cet événement, on créa une commission, chargée d'établir les modalités des diverses cérémonies du Cinquantenaire.
Le programme fut fixé par la dite commission. Les festivités durèrent deux jours. Le premier jour débuta par une réception à la Mairie de Carcassonne, suivie d'une messe à la basilique Saint-Nazaire, visite d'une exposition de préhistoire au musée lapidaire du château comtal, organisée par la société. L'après midi suit un banquet à l'Hôtel de la Cité, séance de travail avec le congrès de la Fédération historique du Languedoc, suivie à 20 h 30 de la séance solennelle de la société. Le lendemain 22 mai, on fit une excursion dans la vallée de l'Aude.
Au cours de la séance du 20 mars 1938 qui décida la commémoration, M. Certain suggéra l'idée de faire frapper à cette occasion une médaille commémorative.
M. Lauth, président rendit compte des propositions de la commission lors de la séance solennelle commémorative en ces termes : "Enfin le comité a pensé que nous devions donner un souvenir à tous ceux qui, de près ou de loin, ont collaboré avec nous dans ce cinquantenaire, et c'est de grand cœur que nous vous offrons en souvenir, Messieurs, la médaille que notre compatriote et ami, René Iché a bien voulu frapper à cette occasion. Je ne puis passer sous silence l'excellente devise qu'il nous a en même temps donné, et que je vous transcris : Homo additus naturæ qui devient la devise de notre compagnie".

Description de la médaille
Par un heureux hasard, j'ai trouvé, dans un lot de monnaies achetées dans une vente publique, un exemplaire de cette médaille
Au cours de la séance du 20 novembre 1938, M. Lauth présente à l'assemblée le dessin du projet de médaille, voici la description qu'il en fait : "A l'avers, la médaille portera le buste d'une languedocienne coiffée des remparts de la Cité, avec indication  de l'affectation de la médaille : Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude – Cinquantenaire (1889-1939).
Au revers, un touriste, un érudit assis, examinant un objet à la loupe et, autour de lui, à ses pieds, sur le sol, des fossiles, des plantes, des insectes, des objets d'archéologie, etc. Ce revers portera le nom du souscripteur"
Cette description correspond fidèlement à la médaille. Le nom du souscripteur est ici A. Laffont. Il s'agit de Mlle Augusta Laffont, institutrice à Douzens, membre de la Sesa.
De forme ronde irrégulière, son diamètre est de 40 mm, elle pèse 31,31gr, et elle est en bronze. Le modèle en argent, a les mêmes dimensions et pèse 38,63 gr, il est attribué à M. Bernon, famille de photographes, bien connue à Carcassonne.

Informations complémentaires
Comme le montrent les  photos, cette médaille ne comporte pas la devise retenue dont le sens nous a été précisé par Jean Blanc qui dit : "Mot à mot, il faut lire l'homme ajouté à la nature". Mais le sens à retenir, sachant qu'il s'agit d'une citation de la genèse, est "L'homme participe à la création". Aucune explication ne se trouve dans les comptes rendus de la société pour expliquer son absence sur la médaille.
La société bénéficia pour l'organisation des fêtes du cinquantenaire d'une subvention du Conseil général de l'Aude de 1.000 francs et finança la frappe de la médaille par une souscription. Voici les engagements de la Société : "Il sera présenté deux modèles. Modèle A, à 100 francs en argent. Modèle B, à 30 francs, en bronze. Le secrétaire se charge d'annoncer par une circulaire adressée à tous les membres un modèle de souscription".
Le 18 décembre suivant les résultats de la souscription donnent : Modèle A, 20 et modèle B 40. Le président demande donc de poursuivre les souscriptions qui se révèlent trop peu nombreuses.
Nous ne possédons pas le chiffre exact de la frappe, nous pouvons sans grande marge d'erreur, l'estimer à 100 médailles pour le modèle en bronze. 

René Iché
Audois d'origine, René Iché, naît à Sallèles-d'Aude en 1897. Il est scolarisé à Narbonne puis au lycée de Carcassonne. En 1915, année de son baccalauréat, il s'engage, dans l'armée et est blessé à plusieurs reprises à Verdun et dans la Somme. Démobilisé en 1919, il s'installe à Paris où il étudie le droit et les sciences politiques. Après l'obtention d'une licence, il est embauché au sous-secrétariat à la Marine marchande. Lors de la visite de l'atelier de Bourdelle, il se découvre une passion pour la sculpture, il quitte l'administration, et travaille pour vivre sur des chantiers de restauration de monuments. Parallèlement, il suit des cours d'esthétique à la Sorbonne. A partir de 1923, il expose ses œuvres grâce à l'aide de Rosa Achard, son égérie, et commence à être connu. Il participe à diverses expositions en France et dans le monde, où quelques-unes de ses œuvres sont acquises par des musées ou de riches collectionneurs. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est très engagé dans la Résistance et son atelier de la rue du Cherche Midi sert de boîte aux lettres aux Forces Françaises Libres. Il décède à Paris, en 1954, à l'âge de 57 ans.
René Iché s'est intéressé à l'art de la médaille, qu'il a fait évoluer vers moins de conformisme. Il réalise les médailles de Max Jacob, Louise Hervieu, et Joë Bousquet. En général, les médailles et divers jetons sont frappés avec une matrice en acier, portant l'empreinte en creux de l'effigie à reproduire, appelée coin. Il existe une autre technique : la fonte. Dans ce cas, le sculpteur réalise un modèle en glaise et en relief de la médaille. Il fabrique un moule à partir de ce prototype qui servira à couler le bronze ou l'argent, suivant les cas. C'est cette technique qu'a utilisé René Iché. Plusieurs éléments confortent cette assertion : la forme irrégulière aux bords arrondis, le texte difficilement lisible, et le fait que R. Iché ne soit pas graveur, mais sculpteur. La gravure est une technique difficile que peu d'artistes maîtrisent.
C'est un privilège pour la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude de posséder une médaille de cet artiste aujourd'hui reconnu ; médaille qui devrait figurer dans le catalogue des œuvres de René Iché.